Naora était ainsi donc partie de son côté. Elle ne trouvait rien d’intéressant. Pourtant, elle avait le sentiment étrange que certains de ses congénères devaient être sur une piste. La soigneuse de demanda si elle devait tenter d’en rejoindre un ou s’il valait mieux qu’elle continue son chemin en solitaire. La femelle avançait tantôt d’un pas rapide, tantôt d’un pas lent. Elle s’arrêtait de temps en temps pour observer autour d’elle, humer l’air frais qui lui parvenait par une légère brise. Cela faisait bien trois ou quatre heures qu’elle était arrivée ici. La faim commençait à se faire ressentir. Même si son estomac gardait le silence pour le moment, elle sentait bien qu’il était vide. Alors elle décida de faire une petite pause dans ses recherches pour une partie de chasse bien méritée.

La louve au pelage de neige baissa la tête pour que son museau humide soit au niveau du sol. Comme ça, elle serait plus à même de repérer l’odeur d’un gibier. Elle ne s’attendait pas à trouver grand-chose vu l’incroyable concentration de loups dans la région. Mais même un petit lièvre imprudent ferait l’affaire. Ce n’était pas un véritable repas que Naora espérait faire, juste un en-cas histoire de ne pas perdre de force inutilement. Cela lui prit quelques minutes avait de se mettre sur la piste d’une proie. A l’odeur, la paria comprit que c’était justement un lièvre qui était récemment passé par là. Elle suivit le tracée invisible sur le sol jusqu’à un terrier. Ce devait être son habitat. En ce moment, il devait s’y être réfugié. Il fallait donc attendre pour qu’il en ressorte afin de l’attraper.

Naora se glissa derrière un buisson d’où elle avait une vue dégagée sur l’entrée du trou de sa proie. Elle resta ainsi planquée une bonne demi-heure. Il fallait de la patience à la chasse, surtout dans ces conditions…



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Naora attendit donc un bon moment que le lièvre daigne sortir de sa cachette. Quand elle vit enfin son petit museau humide et frémissant apparaitre, la louve commença à pétrir le sol avec ses pattes gelées. Ses muscles bandaient. Elle était prête à bondir d’une seconde à l’autre sur sa proie inconsciente du danger qui la guettait. La paria patientait encore quelques instants, le temps qu’il fallait au rongeur pour sortir complètement de son antre. Il ne fallait pas risquer qu’il y retourne. Mais alors que Naora s’apprêtait à fondre sur lui tel un aigle, elle aperçut quatre autres paires d’oreilles dépasser de l’entrée du terrier. Cela la stoppa net dans son entreprise de chasse. Ce lièvre n’était pas seul, loin de là. Il y avait là toute une famille ! A en juger par la taille des petits levrauts, ils devaient avoir dans les une ou deux semaines d’existence. Malgré ses instincts de chasseur et de prédateur, la femelle au pelage de neige perdit toute envie d’ôter la vie à sa cible. Elle fut attendrit par la scène qui se jouait devant elle à ce moment. Il semblerait qu’elle soit en train d’assister à la toute première sortie au grand air de la portée. La lupine resta donc immobile, sans bouger et parfaitement silencieuse, dissimulée derrière son buisson. Elle observait, elle s’extasiait devant la beauté de la nature. Elle n’avait pas eu l’occasion de faire cela récemment et sans vraiment s’en rendre compte, cela lui faisait le plus grand bien. Faire une pause, une pause dans sa vie quotidienne, une pause dans les conflits existants entre les parias et Riverhaven. Un court instant volé de contemplation.

Naora prit garde de surveiller régulièrement autour d’elle pour s’assurer que personne ne vienne déranger ni elle ni la petite famille. Tant pis pour la faim, elle se trouverait bien une autre proie ailleurs.



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Naora finit par quitter la mignonne petite famille de lièvres. Elle s’éloigna discrètement pour ne pas risquer de les déranger en les effrayant sans le vouloir. La paria repartit à la recherche dudit territoire. Elle avançait de son même pas rapide et déterminé qu’à son habitude. Soudain, une odeur familière l’a stoppa net. La femelle agita frénétiquement ses oreilles dans tous les sens pour essayer de localiser la source de ce parfum familier. Il lui fallut que peu de temps pour arriver à mettre un nom dessus. Kaan. C’était lui, aucun doute. Cela ne l’a surpris guère. Après tout, c’était normal que l’apprentie de l’exécuteur soit sur place, à la recherche de nouvelles terres. Mais de l’humble avis de la soigneuse, c’était son clan qui en avait le plus besoin. Même si les parias n’étaient vus que comme des traitres bannis du Royaume, ils avaient un idéal respectable. Et s’ils espéraient tenir contre les Riverhavens, il leur fallait cette terre coute que coute. Contrairement aux membres du Royaume, eux étaient reclus sur leur petite falaise. La vie y était pas toujours facile…

Bref. Naora finit par apercevoir le mâle de loin. Visiblement, il ne l’avait pas encore flairé. Le vent soufflait dans la direction inverse, ce qui arrangeait bien les affaires de la louve au pelage de neige. Elle décida de le suivre discrètement. La lupine aux yeux azurés se rapprocha de lui sans un bruit. Elle se glissa derrière les buissons, comme c’était souvent le cas quand elle filait quelqu’un. La paria n’avait évidemment aucune mauvaise intention envers lui. Même si dans les faits ils étaient ennemis, elle ne pourrait sans doute jamais le voir ainsi. C’était toujours son ami, son rival. Et sans vraiment sans rendre compte, elle éprouvait une sorte d’attirance envers lui. C’était peut-être dû à son pouvoir. Comme on dit, les contraires s’attirent.


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