Le vent souffle bien fort aujourd'hui, emportant avec lui les feuilles des arbres qui ne font plus partis de ce monde ; trop vielles pour supporter le présent temps. Le froid n'est plus, le soleil pointe le bout de ses rayons à travers les nuages, mais l'aspect hivernal reste à travers les plantes et les par-terres de terre encore humides de la fraicheur matinale.
Heureuse que les temps froids se finissent enfin, j'avais décidé en me réveillant de parcourir un peu les terres environnantes afin de me prouver que les beaux jours arrivaient bien. Et c'est certain, ceux-si sont aussi attendus que les naissances. Arrivant avec eux, les premiers couples dû aux premières chaleurs des femelles. Quelque chose qui, par-contre, ne me ravissait pas vraiment. Me remémorant mon décès sous les crocs de mon ancien amant, mon cœur s'emplit de noir. Notre deuxième nous offre cette chance de tout reprendre à zéro, mais nous offre aussi la cruelle souffrance de penser et de revoir notre mort. Sanglante ou rapide soit-elle, de sentir une nouvelle fois la douleur du moment, la pitié, et la trahison.

Perdu dans mes pensés, me disant que j'allais certainement éviter de coller mon pelage aux mâles de la tribu pendant quelques temps, je ne pu voir l'arbre nain devant moi, et y accrocha mes bois de cerf sans m'en rendre compte. Je fis un pas en arrière, ne m'y attendant pas.

Non mais c'est pas vrai enfin ! »

Forçant sur les branches, les tirant vers moi, rien n'y faisait. Pourtant, je n'avais pas des bois particulièrement grands. Je n'étais toujours pas habituée à les avoir sur le crâne, même si cela faisait maintenant quelques temps. Secouant l'arbre une dernière fois, espérant que la branche casserait avec les secousses, plusieurs feuilles mortes me tombèrent dessus ; ainsi que des gouttes de l'ancienne pluie.

Je me refusais de crier à l'aide. Je ne voulais pas avoir l'air stupide. Alors je restais là, attendant patiemment, bougeant de temps à autre mes cornes voir si cela avait bougé. Évidemment que non.

Cherchant toujours à me degager, je venait également de découvrir que m'assoir en attendant un miracle n'était pas envisageable. Je n'arrivais même pas à frôler l'herbe avec mon arrière-train. J'étais dans un beau pétrin, et je ne savais même pas comment en sortir. J'avais l'impression de combattre avec cet arbre contre le temps ; je ne voulais même pas penser à ce qui pourrait arriver si je crosais un loup dans cette position. Plus honteuse que ça, je ne pourrais jamais l'être. Je me débat encore une fois, n'accrochant que plus mes bois aux branches, me prenant encore plus de pluie sur mon pelage.

Et alors que le l'odeur du chien mouillé envahissait l'endroit, se mélangeant à l'odeur d'une femelle en châleur, une ombre s'approcha doucement de moi en me regardant. Et ce que je redoutait arriva donc. Un loup tricolore s'avance doucement avec une posture assez... confiante dirons-nous. Me souriant, il me demande ce que je faisais ici dans cette position. J'aurais pu perdre ma fourrure par une question aussi bête...

« Ca se voit pas ? Je suis entrain de faire ma toilette ! »

Prononçant cette phrase sur un ton très ironique, je secouas l'arbre, faisant tomber de l'eau de pluie sur le loup en face de moi. J'avais l'impression de l'avoir déjà rencontré, mais je savais pas me remémorais cette journée. Surement un air de déjà-vu.
Connaissant mon état actuel causait par l'arrivée du printemps et la fonte de la neige, j'essaye de reculer au mieux que je peu, ne voulant pas qu'il s'approche de trop près.

« Je suis occupée, je n'ai pas que ça à faire que de parler a un inconnu ! » dis-je en tournant la tête.

Je n'avais jamais vu un mâle avec autant de toupé. Croyait-il pouvoir rester là, à regarder mon postérieur sans que je ne réplique ? Je ne fais pas partie de ces femelles a qui l'ont peut faire ce que l'on souhaite, je suis bien plus que ça ! Mais il restait tout de même là, assis ; comme s'il n'y avait rien de plus beau au monde que ma croupe. Coinçant ma queue entre mes pattes, bloquant toute vue de quoi que ce soit, je pris la parole.

« Si c'est un coup de patte qu'il te faut pour te remettre les idées en place, c'est avec plaisir que je te l'offre ! »

Dans l'incapacité de tourner dû a ce fichue arbre, coinçant toujours mes bois dans ses branches, je maudit le jour où la DIvinité m'accordat des attributs. Levant ma patte arrière, j'vais l'intention de lui mettre ma patte droit dans sa face. Pour qui me prent-il, ce loup ?... Je visais au hasard, n'ayant plus aucun moyens de le regarder, ma tête refusant de se tourner.

« Laisse ma croupe tranquille ! »

Et ma patte partis, ne sachant même pas si je visais son museau ou son torse.

« Pour qui te prend-tu ?! »

J'avais sentie le visage du loup sur ma patte ; j'avais voulu frapper fort mais ma position ne me le permettait malheureusement pas. J'avais trouvé à ce loup un charme lors de la recherche de la nouvelle terre, je l'avais bien croisé au détour d'un arbre qu'il s'était pris de face. Il avait une odeur de mâle, exquise et brute ; mais je ne pouvais me douter que les châleurs rendaient les loups si sauvages, si petit esprit. Prise de peur, ne voulant pas me retrouver dans une situation pire que celle-ci, je commence à tirer plus fort sur les bois. La douleur me prend alors au crâne, comme si je venais de frapper ma tête contre un rocher montagneux, dur et coupant. Les feuilles tombent, les perles d'eau gouttent. Je suis prise de panique.

Mais avant de pouvoir continuer mon débat incéssant, le grognement du canidé derrière moi se fit entendre. Léger, doux. Certainement frustré de ne pouvoir se permettre le plaisir qu'offrait les châleurs, il ne se permit plus de respecter les principes et les valeurs de la vie en communauté. Une douleur me prend alors aux côtés. Je couïne de douleur, ne m'attendant pas a un tel choc à un moment pareil...

Et je le sentis, montant ma croupe et violant mon intimité. Mes oreilles se baissèrent. Je n'arrivais pas à nouer les sensations ensembles, la douleur et l'emprisonnement d'une certaine manière. Mais l'une était plus forte.

« ... N-non ! »

J'arrivais à peine à prononcer des mots, j'avais l'impression de parler a quelqu'un de muet,de sourd. Une bête créature assouvissant le désir de la nature et le cycle de vie et de mort. Beaucoup trop de choses dans ma tête, beaucoup trop de pensés illogiques et inutiles, de la tristesse mais aussi... du plaisir.

Je ne pouvais que me laissais faire et espèrer le meilleur. De la douceur ? Je ne sais pas. Je venais de perdre ma pureté, ce qui faisais de moi une femelle digne et fière. Allais-t'il simplement profitais de moi ?...