Naora était obnubilée par ses recherches. Même si elle restait sur ses gardes, la jeune louve se montrait très concentrée. Elle reniflait, observait, écoutait à tour de rôle. Puis elle sentit une odeur familière que le vent lui porta. C’était la dominante des parias, Zephyra, qui s’avançait vers elle. Quand elle fut à son niveau, l’alpha lui adressa quelques mots. Sans doute pour savoir à la fois si la soigneuse était prête au combat en cas de besoin et si elle avait de quelconques nouvelles sur la terre. La blanche se tourna face à sa congénère et plongea son regard azuré dans ses yeux jaunes.

« Je vais très bien, et toi donc ? » fit-elle d’une voix claire et posée.

Naora tutoyait la dominante. Non pas parce qu’elle ne la respectait pas, bien au contraire, mais parce que chacune des deux femelles accordaient à l’autre sa confiance et son respect. La soigneuse s’était donc permise s’adresser à elle ainsi depuis quelques temps.

La paria estima qu’il était de son devoir de faire un rapide débriefing de la situation à Zephyra. Après tout, dans une meute, il est primordial de partager ses informations pour le bien du groupe. C’était la clé d’une bonne coordination, et donc de la réussite.

« Je n’ai rien trouvé pour le moment concernant la nouvelle terre. Aucun des autres membres du clan n’a signalé quoi que ce soit non plus. » La lupine marqua une courte pause, afin d’en venir à un autre problème. « Concernant les RiverHaven, je n’en ai pas encore  croisé, mais je suis à peu près sûre qu’ils ne sont pas loin. Nous devons rester sur nos gardes. As-tu eu des informations de ton côté ? »

Naora toisa les environs. Elle craignait une attaque surprise. Les deux louves étaient à découvert et par conséquent étaient des proies faciles. Les RiverHaven ne cracheraient pas sur une occasion en or de se faire l’alpha. Et ça, c’était absolument hors de question.


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Naora écouta sans dire mot les réponses de son alpha. D’après ses dires, les parias avaient une légère avance sur les membres du Royaume. Bien. Très bien. Il fallait continuer sur cette lancé et surtout ne pas se faire doubler. Finalement, Zephyra proposa à la soigneuse de jouer un petit tour aux RiverHaven, histoire de les déstabiliser un peu, de les freiner pendant que les parias se hâtent à la tâche. Naora se redressa instantanément sur ses pattes et adopta son allure fière et élégante qu’elle arborait généralement en présence des hauts gradés et des inconnus. Cela lui donnait une allure presque royale et elle aimait ça.

La paria posa ses yeux couleur ciel sur sa dominante, un peu plus massive qu’elle. Son pouvoir, la foudre, était très puissant au maximum de son utilisation, et pour cela, Zephyra était crainte de ses ennemis. C’était également un pouvoir très pratique car elle pouvait atteindre ses adversaires autant de loin que de près. Mais en combo avec le contrôle de la glace de Naora, cela faisait de véritables ravages. La colère des cieux au complet. C’était un duo à la fois atypique et redoutable. C’était sans doute la raison pour laquelle l’alpha lui avait proposé de se joindre à elle pour assurer les arrières de leurs congénères.

« Je te suis ! » fit la louve blanche d’un ton déterminé.

Naora huma l’air et écouta attentivement chacun des bruissements que le vent lui portait. Elle tentait de repérer un RiverHaven. Soudain, une branche craqua derrière elle. La femelle au pelage de neige se retourna d’un bon et se retrouva face à la source du bruit. Instinctivement, ses crocs luisants se découvrirent. Elle émit un grondement sourd. La senteur qui lui parvenait n’était pas celle d’un paria. Donc, c’était forcément un habitant du Royaume…

« Un River’ vient par ici ! » souffla Naora à sa dominante.



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Naora était sur le qui-vive, prête à bondir sur l’ennemi. Elle le sentait approcher, elle le savait à proximité. Surement que lui aussi devait l’avoir senti. Sans attendre Zephyra, la paria s’avança prudemment vers la source du bruit. Son poil blanc immaculé hérissé, elle sentait déjà le froid atteindre ses pattes. Son pouvoir s’éveillait à l’approche du danger. Elle grondait, signalant son hostilité à l’inconnu. Sans se retourner vers son alpha, Naora s’adressa à elle :

« Je vais m’en occuper. Pars devant je te rejoindrais. » fit-elle d’un ton presque autoritaire mais non irrespectueux.

Le pendentif autour du cou de la jeune femelle s’illumina. Le River’ sortit enfin de sa cachette. C’était un mâle assez imposant, l’air hostile. Il espionnait les deux louves, espérant les surprendre. Mais c’était sans compter sur son manque cruel de discrétion et sur les sens affutés que les parias développaient bien vite.

« Je te laisse une chance de repartir sain et sauf. Mais si tu me provoques en duel, je te le ferais regretter. »

Naora adressa ces quelques paroles menaçantes à l’intru. Elle n’était pas d’une nature particulièrement agressive. Elle ne cherchait donc pas spécialement le combat. C’était dans ces principes de ne pas attaquer la première et de laisser une chance à son adversaire de partir sans demander son reste. Mais si on la menaçait, elle ou un membre des parias, jamais Naora fuirait l’affrontement.

Finalement, le mâle ne bougea point. Sans répondre à la soigneuse, il se mit en position de combat. C’était donc ainsi. Il avait fait son choix. Tant pis pour lui. Naora avait confiance en son pouvoir, même s’il lui faisait souvent défaut. Elle savait que dans les situations critiques, il la protègerait. Quelque part, c’était comme s’il avait sa volonté propre. Celle de défendre la femelle au pelage de neige. Naora se tenait en positon d’attaque. A ses pattes, de la glace s’était déjà formée. Elle attendait que son adversaire fasse le premier mouvement avant de s’attaquer à lui.



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