Aujourd'hui était une journée assez humide, le ciel était en colère et faisait tomber sur nos terres de fines gouttes d'eau. La nature allait être heureuse, elle n'avait pas reçu de cadeau des Dieux depuis un certain moment et devenait difficile à parcourir car sèche et abrupte. Ainsi, tout serait plus facile pour nous, les loups. Et surtout pour moi... Je me dirigeais en ce moment même vers la clairière, retenu par la Reine parmi plusieurs canidés afin de remplir une mission bien précise. Soucieuse de montrer ma bonne foi je ne voulais en aucuns cas refuser, même si j'admets que je n'aurais certainement pas pu étant un ordre direct de la royauté. Enfin bref, passons ; cette mission consiste en une partie de chasse. Ce qui me convient parfaitement... Le conflit entre les Parias et notre clan a pris tellement d'ampleur ces derniers temps que même les chasseurs en ont oublier le stock de nourriture du Royaume. La famine arrive si vite... De plus, ce manque de denrées peut donner envie aux Parias de nous attaquer s'ils apprennent que plus de la moitié des RiverHavens sont parties à la chasse, laissant au Royaume moins de défense.

Cette mission est plus important que certains le pense, et je faisais bien évidemment parti des meilleurs chasseurs du clan. Je suivais depuis quelques temps la piste d'une biche et de son petit, un faon assez jeune mais tout de même âgée de quelques mois. Une proie facile du moment où l'on se débarrasse de la mère. Ils étaient entrain de brouter un peu d'herbe par-ci par-là, au bord du petit ruisseau pour s'abreuver, profitant de la pluie rafraichissante. Cachée dans les hautes herbes, ne faisant aucun bruit, ils ne m'avaient pas remarquer ; ce qui en soit est par-fait. Mon action doit être rapide, franche ; l'erreur n'est pas permise. Une mère en colère peut faire très mal, et je ne veux en aucun cas la blesser afin qu'elle puisse par la suite refaire des petits. C'était triste à dire, mais la chaine alimentaire est ainsi, qu'on le veuille ou non. Être chassé, ou chasser ; il faut savoir choisir, et survivre.

Préparant mon saut, profitant du repas de mes proies, je cherche rapidement mon équilibre afin de réussir au mieux mon attaque. Mais c'est alors que ma patte glisse légèrement, provoquant un frottement au sol. La mère, a simplement quelques mètres de mois, relève la tête et regarde vers moi. Elle m'a vu, je ne peux donc plus attendre. En premier lieu, lui faire peur. Ni une ni deux, je bondit en mettant mes crocs en évidence, grognant une sorte de hurlement de frayeur. Le petit faon eu peur, mais la mère eu une toute autre réaction. Elle se tourna aussi vite que j'avais sauté et me donna un coup de sabot dans le menton qui me fit rebrousser chemin, tapant ma tête contre un tas de terre. Reprenant mes esprits, je pu les voir courir au loin. Me relevant, sonné par cette attaque, remettant mon sang en place dans mon organisme, je me mis à courir. Je m'interdis de laisser partir cette proie.

Les rattrapant petit à petit, prenant mon temps pour ne pas trop me fatiguer, je pu enfin voir la croupe du faon courir devant moi ; la mère au loin devant. Le moment était venu de remettre cette mère en place dans le cycle de la vie... Sautant sur ma proie, plantant mes griffes dans les cuisses de son petit ; il tomba à terre et roula avec moi jusqu'à taper dans un arbre. Hurlant sa mère d'un son ignoble en essayant de s'échapper, je pu entendre la matriarche au loin s'arrêtait et chercher. Sans grand succès. Son petit avait déjà son cou entre mes crocs, laissant son sang chaud couler entre mes canines et sur mon pelage. Ce faon, qu'elle avait porté dans son ventre et qu'elle nourrissait de toutes ses forces dans cet hiver froid venait de mourir par ma faute.

Je pouvais désormais ramener ce petit festin a mon clan, oubliant très vite qu'il s'agissait encore d'un être vivant il y a quelques secondes. Tirant une de ses pattes à moi, je le faisait trainer au sol tel une paillasse remplis de paille. Le retour allait être difficile et long...